C’est l’été à Mars, il fait beau et très chaud et le grand festival annuel (« Mars en fête ») bat son plein.
Simon Bolif, allongé nu sur le hamac de son jardin et bien à l’abri derrière les épaisses haies protectrices qui lui assurent une parfaite intimité, est en pleine réflexion. Ce soir a lieu le grand feu d’artifice pyromélodique et il est convaincu qu’il va se passer quelque chose de très spécial. En effet, la profusion de musique et de lumières a de quoi intéresser les extraterrestres qui risquent de faire une petite visite surprise aux Marsiens.
Soudain, il est tiré de sa rêverie par la sonnerie retentissante de son téléphone. Il saute de son hamac et court jusqu’à la cuisine, juste à temps pour décrocher. C’est Avril Carton et elle semble être un peu ivre.
« Simon Bolif ? Avril Carton à l’appareil. Je vous appelle pour vous demander de m’accompagner au feu d’artifice de ce soir. Je ne suis pas en très grande forme vous savez. Je ne savais pas trop qui appeler, quant soudain, mon instinct m’a dicté de composer votre numéro. J’ai réalisé récemment que vous étiez le seul à Mars à ne pas juger mes excentricités et j’ai bien envie de passer un moment en votre compagnie. »
Simon Bolif, surpris, lui répond : « Votre téléphone me surprend ma chère, je ne pensais pas que vous m’appréciez, mais j’en suis très flatté et j’accepte votre invitation avec plaisir, mais je vous préviens, cette nuit risque d’être riche en émotions de tous genres. »
« Je ne sais pas trop ce que vous voulez insinuer, mais peu importe. J’ai bien besoin d’une soirée originale alors je vous dis à ce soir. Vous voulez bien passer me prendre vers 20h ? »
« Je serai au rendez-vous ! A ce soir. »
Simon Bolif, encore très étonné par ce coup de téléphone incongru, ouvre le frigo et en sort une part de pizza qu’il se réchauffe au micro-ondes et va manger dehors.
A 19h53, Simon, qui a entre temps enfilé une tenue hideuse composée d’un short trop large, d’une chemise hawaïenne trop colorée et de sandales tout simplement inqualifiables, se rend chez Avril. Elle le guette à la fenêtre et sort dès qu’elle le voit arriver. Elle a évité la robe pour ne pas déclencher de crise diplomatique à cause de ses jambes poilues, et porte un pantalon en lin et un T-shirt orange vif.
Simon lui prend le bras et ils s’en vont ensemble en direction de la fête qui a lieu au centre ville et qui est très facilement repérable en raison des voix portantes des Marsiens.
Un peu plus tard, alors que nos deux étranges compères s’amusent depuis quelques heures déjà, un violent orage éclate. Simon Bolif l’interprète directement comme un signe des extraterrestres.
« Martiens, Martiennes, je vous avais dit qu’ils allaient revenir et ce grand jour est enfin arrivé ! »
« Mais de qui parlez vous donc Simon ? » lui demande Avril, naïve.
« Mais des extraterrestres ma chère. »
« Ah oui, évidemment, comment ais-je pu les oublier. »
Tout à coup, la foudre frappe Simon qui devient comme fou. Les Marsiens les plus pieux hurlent qu’il est possédé par un démon et qu’il faut appeler un exorciste de toute urgence. Avril, dont l’esprit reste pragmatique en toutes circonstances, se dit simplement qu’il y a des chances pour qu’elle finisse sa soirée seule ou à l’hôpital. « Pour une fois que je m’amusais, c’est vraiment dommage. » se dit-elle en son fort intérieur. « En tout cas, Simon avait raison, la soirée aura été riche en émotions, surtout pour lui… »
Remarque: le contexte est un peu compliqué à comprendre pour les personnes qui ne suivent pas le groupe d'écriture. Pour vous aider à le saisir, je vous donne une ou deux indications:
1. Mars est le nom de la ville où se déroule l'intrigue, et pas une planète.
2. Les habitants de cette ville s'appellent les "Marsiens" et non pas les "Martiens" (sauf dans la bouche de Simon Bolif qui a une manière particulière de comprendre les choses).
Aude Awa
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